dimanche 3 août 2008

Les Pèlerins d’Halicarnasse (2007), aventure philosophique



Ce récit, paru chez L’Harmattan en décembre 2007, n’est pas de moi, mais de mon ami Jean-Pierre Alain Faye. Je le sens néanmoins un peu mien, dans la mesure où j’ai contribué à l’achèvement de l’œuvre, et placé en exergue cette formule qui en précise la visée : « L’altermondialisme sera spirituel, ou ne sera pas ».

■ Circonstances. Début 2006, je reçois un manuscrit de Jean-Pierre Alain Faye, avec qui j’avais déjà largement correspondu une dizaine d’années auparavant. Ce texte m’intéresse, et je lui dis ma convergence sur le message global du livre, notamment l’idée que l’avenir du monde repose sur un humanisme spirituel qui ne soit pas encombré des dogmes d’une religion particulière. Je lui suggère aussi ce qui me semble être des améliorations du récit et du dialogue, qui ne modifieraient en rien le fond de ce conte philosophique. Nous échangeons alors nos vues, en un courrier nourri, amical, où chacun confie à l’autre les certitudes et interrogations de son existence. Jean-Pierre Faye, qui vivait en Guadeloupe, aurait aimé en juin 2006 que je vienne converser avec lui, me proposant même de collaborer à son livre. C'est seulement courant juillet que je compris l’urgence de son souhait : il était atteint d’une leucémie qui lui laissait peu de temps… De fait, j’appris sa mort vers le 15 août, et je reçus à la rentrée deux lettres déchirantes qu’il m’avait écrites dans la semaine précédant son décès. Il me demandait de ne pas oublier « Les Pèlerins d’Halicarnasse ». C’était son ultime message au monde, c’était la bouteille à la mer qu’il eût tant aimé conduire à son port. Je ne pouvais pas « me défiler ». Je me mis au travail. « Écrire, c’est "faire signe", en réponse à ce que l’on ressent comme un appel du monde », ai-je affirmé un jour : eh bien, c’est vrai aussi lorsqu’on est simplement invité à « réécrire »…

■ Le sujet. Voici l’argument de ce livre, tel que je l’ai résumé pour la quatrième de couverture :

Un petit groupe de touristes, quelque peu « altermondialistes », part visiter les ruines du Mausolée, à Halicarnasse. Savent-ils ce qui les attend ? L'ont-ils pressenti? Toujours est-il qu'ils y découvrent – ayant mystérieusement traversé les siècles – un message de mesure et de philosophie de la Nature, qui anticipe largement sur la lumineuse pensée de Spinoza.

Bouleversés par l'actualité de ce message, nos "pèlerins" sont ressaisis par les interrogations essentielles de l’Humanité : existe-t-il une Harmonie que nous enseignerait la Nature ? La critique des religions dispense-t-elle de chercher un sens mystique à cet étrange phénomène que nous nommons l’Univers ? Un autre monde est-il possible si les peuples ne s’accordent pas, d’abord, sur la dimension spirituelle de l’aventure humaine ?

■ La part de la réécriture. L’histoire des « Pèlerins » d’Halicarnasse est donc une marche vers l’essentiel, qui se présente à la fois comme un cheminement « romanesque » (personnages, événements, atmosphères) et un cheminement philosophique (interrogations, dialogues, échanges épistolaires). À ces deux niveaux, j’ai retouché le manuscrit, dans la plus scrupuleuse fidélité. Il n’est pas facile de se couler dans la vision d’autrui, tellement on peut être tenté de projeter la sienne : il va de soi que, sans les échanges soutenus que j’eus pendant trois mois avec Jean-Pierre, je n’aurais pas été en mesure de respecter ses idées et interrogations, au point de les affiner ou fortifier en certains endroits (notamment dans la seconde partie du livre, constituée des courriers que s’envoient mutuellement les personnages). D’une certaine manière, il me fut plus facile de retoucher et « dynamiser » l’aspect littéraire de l’ouvrage (mise en scène, narration et « vie » des personnages), question de « métier » peut-être, mais aussi parce qu’il me semblait indispensable de lier la démarche philosophique au caractère existentiel de l’aventure humaine. Ce sera au lecteur d’en juger…

■ Réception. Les témoignages personnels que je reçois, de personnes connues ou inconnues, montrent que le message de Jean-Pierre Faye « passe » et nourrit la quête des lecteurs de bonne volonté. Le livre commence aussi à être recensé et recommandé par quelques revues : dans Alternatives non violentes, La Décroissance, Entropia, Silence !, et aussi dans Le Monde diplomatique, sous la signature de Bernard Ginisty, qui fut directeur de Témoignage chrétien. Il est vrai que le système de diffusion fort restreint des éditions L’Harmattan n’a pas permis encore à ce livre d’atteindre un plus large public, mais on peut espérer : après tout, ce texte mérite autant d’être lu qu’un ouvrage comme Nature et Spiritualité de Jean-Marie Pelt, paru peu après. L’avantage de n’être pas vraiment l’auteur d’un texte, c’est de pouvoir sans honte en dire tout le bien qu'on en pense ! Que les lecteurs me pardonnent : cet appel est désintéressé...
F.B.